Je reprends la plume avec plaisir pour partager avec vous le parcours de vie de Candice. J’aime vous faire découvrir mes coups de coeur et il y a bien longtemps, trop longtemps que je ne l’avais pas fait. Au cours de mes pérégrinations sur instagram, j’ai découvert le très joli compte de Candice et ses tissages où se mêlent et s’entremêlent le raphia et la laine. J’ai tout de suite aimé son univers doux et apaisant, est ce parce que Candice vit en Provence près du pré des ânes et des moutons mérinos? Je lui laisse la parole pour nous dévoiler ce qui l’a mené au tissage.

– Pourrais-tu te présenter pour celles et ceux qui ne te connaissent pas ?

Je m’appelle Candice, je suis la femme qui se cache derrière CosyJungle, un espace qui me permet de m’exprimer et de confronter les univers à travers la technique du tissage. J’habite dans le Sud de la France avec mon mari et mes deux jeunes enfants, en pleine campagne. C’est ici que mon atelier a élu domicile et c’est entourée de Nature que j’ai eu envie de mettre à l’honneur dans mes pièces tout ce que Gaïa met à notre disposition… Je fais donc en sorte de pouvoir confronter les matières dans mes décorations murales, tout en ayant le moins d’impact négatif possible sur mon environnement.

– Comment as-tu découvert cette fibre créative qui sommeillait en toi, comment s’est-elle révélée ?

Mes grands-mères m’ont transmis ce petit « truc » : je les ai toujours vues tricoter ou crocheter, après tout elles ont vécu une époque où il était plus facile et rapide de se faire ses propres vêtements plutôt que d’aller les acheter.

Ma mère, quant à elle, est une vraie bricoleuse : ado dans les 70’s, elle avait déjà fait du tissage, du macramé, elle tricote, brode, peint, coud, adapte, transforme les meubles… Je me souviens que nous participions souvent à toutes ces activités et je me régalais à chaque préparatif de fête. J’ai pris mon envol et continué ensuite parce que j’ai surtout voulu faire « moi-même », cela m’intéressait d’une part pour maitriser telle ou telle technique (je rêve de savoir « tout » faire pour pouvoir « tout » mélanger) et d’autre part, pour raconter une Histoire. Cela a commencé avec la peinture, puis le théâtre, la photo, la vidéo, la mise en page, le dessin, la littérature, le scrapbooking, le crochet, le tricot, la couture pour arriver – à ce jour – au tissage.

Cette fibre m’a toujours accompagnée, elle cherche désespérément à s’exprimer par quel moyen que ce soit (en cuisine par exemple, impossible pour moi de suivre une recette sans y ajouter un petit quelque chose de mon cru… au grand damn de mon époux 😉

– Saurais-tu nous dire pourquoi tu as privilégié cette technique du tissage, plutôt qu’une autre ? Comment cette technique et ces matériaux sont venus à toi ?

J’ai rencontré le tissage un peu avant mes 30 ans et mon chéri m’a offert un petit métier à tisser pour mon anniversaire. J’ai tenté 1 ou 2 tissages puis j’ai mis ça de côté. Un jour, il me demande pourquoi je ne touche pas mon cadeau, je lui explique que si je fais des tissages, il va falloir savoir quoi en faire après ! Il m’encourage, malgré mes avertissements, dans cette voie hardie et me voilà à créer de plus en plus de suspensions avec mes kilos de laines que j’avais en stock (post phase tricot).

Puis vient la naissance de mon 2e enfant, qui attrape une bronchiolite a 10 jours de vie en étant prématuré d’un moi. Nous avons passé 1 semaine à l’hôpital et 1 semaine en réanimation, un drame pour moi qui venait d’accoucher. Un trauma dont j’ai mis longtemps à me remettre, les paroles de certaines jeunes internes restent encore dans mes oreilles… Quand nous sommes rentrés à la maison, j’avais besoin de me vider la tête et le tissage a été ma catharsis. Etrangement, c’est à cette période où j’ai créé des pièces très très colorées alors que je n’étais que l’ombre de moi-même.

Depuis cette période intense et émotionnellement chargée, le tissage s’est glissé en moi et ne m’a plus quittée, il est devenu depuis indispensable à mon équilibre.

– Avant de donner plus de place à cette activité artistique et créative, quel a été ton parcours scolaire, ton parcours de vie ? Te prédestinais-tu à cette vie d’entrepreneuse ?

Oh loin de là ! Je n’ai jamais pensé lancer mon propre projet… j’ai fais des études dans les métiers du livres, je voulais être libraire et avoir ma retraite bien méritée à 60 ans. J’ai terminé par travailler dans l’édition après ma Licence, portée par la défense de la culture et ce monde incroyable de la littérature et de l’illustration.

Avoir ma propre entreprise n’a même jamais été un rêve, je considérais avec respect et un détachement complet les personnes qui pouvaient se lancer. « Comment ? Ne pas avoir de sécurité de l’emploi ?! Non merci ! »

Il ne faut jamais dire jamais 🙂

– La vie d’autoentrepreneuse oblige à être une sorte de mélange entre Shiva et un couteau suisse ! Quels en sont les avantages et les inconvénients selon toi ?

La flexibilité est une donnée ultra importante, c’est elle qui donne le tempo : il faut savoir être souple pour intégrer ses comptes, sa compta tout en maitrisant son temps et ne pas s’éparpiller… mais c’est aussi un avantage incroyable de pouvoir faire ses horaires même si on se rend souvent face à l’évidence : on ne compte pas nos heures ! Mais faire des « heures sup » pour ce qu’on aime, c’est quand même autre chose…

Ce statut m’oblige et me permet en même temps de pouvoir être maitre de toute la chaine de A à Z : Relation client, création (inspiration, recherche de fournisseurs locaux et matériaux chinés), recherche de scénographie & shooting (j’adore !), traitement photo, mise en page, communication, Vente, SAV/logistique, Comptabilité… Je maitrise tout c’est donc à la fois agaçant de savoir qu’on doit se poser pour sa compta par exemple, mais grisant de savoir tout ce qui nous reste à faire… soit tout !! Cela me convient tout à fait car j’aime bien avoir plein de choses sur lesquelles réfléchir J:)

– Que retiens-tu de cette expérience et quel est ton prochain challenge ?

Je me suis surprise, je me souviens que j’étais fébrile quand j’ai ouvert ma boutique Etsy alors que je n’étais même pas immatriculée… Je me souviens que je me disais « ça y est, je l’ai fait ! », pour vendre 3 bricoles mais alors, qu’est-ce que j’étais fière ! Quel pas de géante pour moi, je n’en revenais pas, quand j’y repense…

Depuis j’ai mon SIRET, j’ai déposé ma marque, je viens d’ouvrir mon site internet ainsi que mon blog, je travaille à mi-temps pour CosyJungle, j’ai reçu mes cartes de visite avec mon nouveau logo, je prépare une collab’ qui va confronter le tissage à un autre bel univers… J’avance petit pas à petits pas et c’est une victoire car j’apprends chaque jour ! Et ça, c’est inestimable !

Prochain Challenge ? M’organiser bien et mieux pour caser 2 jours en 1 jour, facile non ? 😉 Cela me servira pour la grande pièce de 150cm de long qui m’attend !

– Quelle est ta plus grande fierté ou ta plus grande réussite (une création, une rencontre, un événement de vie…) ?

Côté CosyJungle, ma plus grande réussite est d’arriver à créer des pièces avec des matériaux les plus locaux possibles. Toutes mes recherches vont dans le sens de ma responsabilité en tant qu’artiste, et je souhaite vraiment que les créations qui sortent de l’atelier soient esthétiques mais aussi éthiques. Mon impact environnemental me pose beaucoup question.

Parvenir à créer de vrais liens avec mes clients est aussi une fierté, surtout à l’heure du numérique/virtuel : quand je fais du sur-mesure, j’aime demander des photos de l’endroit, poser des questions sur le ressentis, nous échangeons, discutons… c’est une vraie rencontre et je suis incroyablement touchée quand la découverte de la pièce finale se veut comme une surprise ! Certaines clients ont tenu a voir leur création qu’une fois le colis reçu, c’est une preuve de confiance inestimable pour moi, que j’accueille avec humilité et assez d’émotions je dois dire. C’est du bonheur en barre !!

– Enfin, quel est le meilleur conseil que tu aies jamais reçu et que tu transmettrais volontiers ?

 Je suis encore en plein apprentissage et j’ai moi-même encore beaucoup de choses à apprendre. Mais OSEZ. Osez vivre et être ce que vous AIMEZ, je pense que si c’est un objectif pour beaucoup, cela devrait en fait, être la base de nos actions, car le reste suivra 🙂 !

Retrouvez les créations et l’histoire de Candice sur son site CosyJungle et sur instagram CosyJungle

Les photos sont de Candice CosyJungle.